Plus rien ne va au sein du Front commun pour le Congo (FCC)

. Les murs de l’édifice se fissurent au fur et à mesure que les jours s’égrainent. En effet, depuis le revers subi lors du vote écrasant pour la déchéance de la présidente de l’Assemblée nationale, Jeanine Mabunda, les caciques de la famille politique de l’ex-président Joseph Kabila se livrent une guerre interne à en mourir.  Afin que nul n’en prétexte ignorer l’existence, une bonne frange de sénateurs FCC ont adressé un mémorandum à leur autorité morale, demandant la destitution du coordonateur, Néhémie Mwilanya et tout son bureau à la tête de ce méga-regroupement politique qui détenait, jusqu’il y a peu, la majorité au sein des deux chambres du Parlement. Pour ces « révolutionnaires de palais », la destitution du bureau FCC à l’Assemblée nationale est considérée comme une deuxième grande défaite après celle de Shadary à la présidentielle de 2018. Et si pour 2018, les rangs semblaient se resserrer avec l’écrasante majorité acquise au niveau du Parlement (Assemblée nationale et Sénat) et des assemblées provinciales, la dynamique actuelle avec notamment l’Union sacrée de la nation lancée par le chef de l’État, Félix Tshisekedi, change tout, mieux, bouleverse tout. Le FCC se vide au jour le jour. Et de ce qui reste encore de cette coalition, des voix s’élèvent pour disqualifier le leadership « lacunaire » de la coordination. Le FCC, c’est désormais une maison qui est vouée à un imprévisible écroulement. Et, ce n’est qu’une question d’heure.

Le bateau FCC tangue. Le mémorandum de ses sénateurs adressé à leur autorité morale, Joseph Kabila, en dit long.  Ce document qui date du 12 décembre, mais qui a finalement fuité, table sur une prise en otage de la plateforme par les mêmes caciques ayant brillé par la gestion chaotique et calamiteuse du FCC… Par conséquent, les têtes doivent tomber pour sauver ce qui peut l’être encore.

En effet, la déchéance de Mabunda et de la suite de son bureau est une défaite de plus après celle de 2018 avec le candidat dauphin de Joseph Kabila à la magistrature suprême. Une défaite de plus, mais une défaite plus dure à supporter au regard de son impact puisqu’elle change tout dans la configuration initiale des choses.

Dans une guerre ouverte au sein d’une coalition dont les rapports de collaboration n’ont été qu’en dents de scie, deux ans durant, la fin du match sonnée courageusement par l’un des partenaires, à savoir l’actuel locataire du Palais de la nation, implique plusieurs incidences. C’est en réalité, le « déboulonnement » tant attendu d’une machine-système qui a été en place depuis dix-huit ans, en ne faisant que se métamorphoser : AMP, MP, puis FCC.

La sphère d’influence s’élargit

La bataille décisive du renversement Mabunda gagnée, Félix Tshisekedi ne cesse d’élargir sa sphère d’influence au niveau de l’Assemblée nationale en marge de l’Union sacrée de la nation. L’actuel chef de l’État peut actuellement se frotter les mains d’avoir obtenu une majorité acquise à sa cause. Un renversement de la situation quand bien même certains caciques du FCC n’en croient toujours pas leurs yeux. Ils attendent le dernier tournant, l’élection du nouveau bureau de la Chambre basse du Parlement pour voir la réalité en face. Des instants qui ne vont pas tarder avec déjà le feu vert de la Haute cour accordée au bureau d’âge pour convoquer une session extraordinaire quant à ce.

En même temps, c’est le navire FCC qui sombre à grand feu. Après des départs importants et des appels publics pour la démission de Néhémie Mwilanya, actuel coordonnateur du FCC, les élus des élus ont également donné de la voix. Une voix qui semblait discrète, mais qui a finalement fuité. Il s’agit d’un mémorandum adressé à l’autorité morale du Front commun pour le Congo.

Vivre ou disparaitre

Dans ce document, les sénateurs FCC dénoncent : « la concentration de toutes les décisions du FCC par une poignée de personnes, dangereusement qualifiés de caciques, pour leurs avantages personnels au détriment de l’intérêt général. Ces personnes en sont tellement solidaires dans le mal ; le traitement des autres membres du FCC comme des vassaux ; la prise en otage de la plate-forme par les mêmes caciques ayant brillé dans la gestion calamiteuse et chaotique du FCC ; les attributions des postes clés aux membres des familles, amis et proches des caciques au détriment des camarades qui militent réellement au sein du FCC ; les sélections irrationnelles des camarades devant participer aux réunions pour éviter les autres membres capables d’émettre des idées contraires ; le favoritisme, autoritarisme, népotisme, mauvaise gestion, clientélisme et autant d’autres antivaleurs ayant élu domicile au sommet de la plateforme ; le manque de stratégies politiques devant répondre aux attentes et aspirations de la population congolaise ; les conflits récurrents de leadership au sein de la plateforme occasionnant de dissidences parmi les camarades… »

De ce tableau sombre peint, les signataires exigent : « la démission de toute la coordination du FCC avant la fin de la session parlementaire en cours ; la structuration et la mise en place d’une nouvelle équipe à la coordination du FCC composée des personnes consciencieuses, éprises des valeurs républicaines et en phase avec les enjeux de l’heure ; la convocation de la conférence des présidents élargies aux autres personnalités politiques parmi lesquelles les élus, dans le but de faire une vraie remise en question, d’évaluer la gestion calamiteuse du FCC par l’actuelle coordination et de tirer toutes les conséquences du passé ».

De l’avis des observateurs, plus que jamais le FCC tend vers son implosion. Des acteurs du navire Kabila font désormais des lectures diamétralement opposées sur les enjeux de l’heure. Cette absence d’unanimité était déjà observée sur la position à prendre face aux consultations présidentielles. La conséquence a été directe : une bonne frange avait refusé d’obéir au mot d’ordre, le fameux mot d’ordre (diktat) qui a été la règle d’or pendant des décennies. Contre ce mot d’ordre, nombreux ont été perçus dans le perron du Palais de la nation, chez Félix Tshisekedi. Et contre ce mot d’ordre encore, il y a ceux qui ont ouvertement effectué la traversée pour accompagner la vision du chef de l’État. Et contre ce mot d’ordre, le vent de l’histoire souffle tellement fort qu’un seul choix se présente à ceux qui constituent encore la machine grippée FCC : s’aligner au sein de l’Union sacrée de la nation ou faire l’opposition politique !

Le Potentiel.

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