Afrique du Sud: À 90 ans,l’icône de l’anti-apartheid Desmond Tutu s’en est allé

Contre sa hiérarchie, il a défendu les homosexuels et le droit à l’avortement. À la fin de sa vie, malade, l’archevêque sud-africain Desmond Tutu a ouvert un nouveau front contre son église anglicane, tout aussi sensible, celui du droit au suicide assisté.

Biographie

Desmond Tutu est né à Klerksdorp, dans le Transvaal, le deuxième des trois enfants de Zacheriah Zililo Tutu et de son épouse, Aletta. La famille Tutu déménage à Johannesburg,quand Desmond a douze ans. Son père est enseignant et sa mère est femme de ménage et cuisinière dans une école pour les aveugles.

Études

Desmond Tutu fait ses études dans la ville de Johannesburg. Il veut dans un premier temps devenir médecin, mais de telles études coûtant trop cher pour sa famille, il se destine à devenir instituteur, tout comme son père. De 1951  à 1954, il étudie et commence à enseigner en 1954 au Johannesburg Bantu High School. En 1955, il se marie à Nomalizo Leah Shenxane, une enseignante ; ils auront quatre enfants. Mais il démissionne en 1957, pour protester contre la mauvaise qualité de l’enseignement donné aux Noirs.

Premier secrétaire général noir du Conseil œcuménique d’Afrique du Sud

Il décide alors de s’orienter vers la théologie. Il est ordonné prêtre de l’Église anglicane en 1961 et devient l’aumônier de l’université de Fort Hare. Fort Hare est à l’époque une des seules universités de qualité pour les Noirs d’Afrique du Sud et d’Afrique australe ; les principaux dirigeants actuels du pays y ont étudié. Desmond Tutu obtient en 1966 une maîtrise en théologie au King’s College de Londres, et retourne ensuite en Afrique du Sud, où il travaille comme professeur de théologie.
De 1972 à 1975, il revient en Angleterre, où il est le vice-directeur du Theological Education Fund (TEF) du Conseil œcuménique des Églises à Bromley dans le Kent. Nommé doyen du diocèse de Johannesburg en 1975, il est le premier Noir à occuper ce poste. Il devient évêque du Lesotho (1976-78), puis premier secrétaire général noir du Conseil œcuménique d’Afrique du Sud (1978-85).

Grand militant contre l’apartheid

« Un homme d’une intelligence extraordinaire, intègre et invincible contre les forces de l’apartheid, il était aussi tendre et vulnérable dans sa compassion pour ceux qui avaient souffert (…) sous l’apartheid, et pour les opprimés et les oppresseurs du monde entier« , a rappelé M. Ramaphosa.

Au cours de plusieurs années de sermons et de prédications, il fait passer « un message de paix et de non-violence ». Il critique aussi bien l’apartheid que les Noirs qui réclament vengeance. Ses prédications contribuèrent à la lutte pacifique menée contre les gouvernements afrikaners, et c’est pour ce combat pacifiste contre le système de l’apartheid, qu’il reçoit le 16 octobre 1984, le prix Nobel de la paix. Pour lui, la paix entre les peuples est la seule voie possible.

Après l’avènement de la démocratie en 1994, et l’élection de son ami Nelson Mandela à la tête du pays, Desmond Tutu, qui a donné à l’Afrique du Sud le surnom de « Nation arc-en-ciel », avait présidé la Commission vérité et réconciliation (TRC) dont il espérait qu’elle permettrait de tourner la page de la haine raciale.
The Arch, comme le surnommaient affectueusement les Sud-Africains, était affaibli depuis plusieurs mois. 

En 2016, à 86 ans, bousculant un des dogmes les plus sacrés de l’Église chrétienne, il déclare dans une tribune être favorable à ce que les malades incurables et les mourants puissent décider eux-mêmes de l’heure de leur départ, dans la dignité

Il ne parlait plus en public mais saluait les caméras présentes à chacun de ses déplacements, sourire ou regard malicieux, lors de sa vaccination contre la Covid dans un hôpital ou récemment, en octobre, lors de l’office religieux au Cap pour célébrer ses 90 ans.

Desmond Tutu meurt le 26 décembre 2021 au Cap, en Afrique du Sud, à l’âge de 90 ans. Le président Cyril Ramaphosa loue un « patriote sans égal », tandis que la Fondation Nelson-Mandela salue la disparition d’un « penseur, leader et berger ».
Juste après l’annonce publique de sa mort, La reine Élisabeth II, le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies António Guterres, Emmanuel Macron, Barack Obama, Dalaï Lama et bien d’autres chefs d’Etat et autres personnalités publiques et politiques de premier plan ont eu un mot dimanche en mémoire de l’archevêque sud-africain.

Une prière a été organisée à la cathédrale St George, son ancienne paroisse. Et des quidams, de toutes les couleurs de peau, ont commencé à se présenter devant sa maison du Cap des bouquets à la main, selon des journalistes de l’AFP sur place.
« C’est si triste qu’il soit mort, c’était un homme profondément bon », a soupiré Diane Heard, retraitée, qui habite le quartier.

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