Le député national Jean-Baptiste Muhindo Kasekwa a déposé au bureau de l’Assemblée nationale ce jeudi 9 novembre 2023 une lettre d’interpellation du premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde sur ce qu’il qualifie d’ambiguïté de cessez-le-feu unilatéral et la préférence par le gouvernement congolais de résoudre par la voie diplomatique, la crise sécuritaire née de l’agression rwandaise via le M23 dans la province du Nord-Kivu.
Dans sa correspondance adressée au président de l’organe délibérant, Jean-Baptiste Kasekwa a déploré le fait que le gouvernement congolais respecte via les forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) la mesure du cessez-le-feu recommandée par les chefs d’États de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) alors que l’ennemi en profite en avançant vers la ville de Goma et occasionner ainsi, une situation humanitaire très déplorable dans la province du Nord-Kivu.
L’élu de la ville de Goma a également rappelé qu’il s’observe des cas d’assassinat dans les localités occupées par le Rwanda via le M23 notamment à Kitsanga où la population est victime des violations graves des droits de l’homme par l’ennemi.
Jean-Baptiste Kasekwa sollicite au bureau de l’Assemblée nationale, d’interpeller le chef du gouvernement afin que celui-ci, éclaire les représentants du peuple sur plusieurs points relatifs à la situation sécuritaire née de la guerre injuste et imposée à la République démocratique du Congo par le Rwanda.
Le député national Jean-Baptiste Kasekwa veut notamment être éclairé par Sama Lukonde sur les questions ci-dessous :
1. Entendu que les feuilles de route signées à Luanda en date du 6 juillet et du 23 novembre 2022 n’empêchent à rien le M23/RDF d’étendre l’occupation des territoires de Rutshuru, Masisi et Nyiragongo jusqu’aux portes de Goma et d’y pousser la crise humanitaire à son comble, quelles sont les raisons pour lesquelles le gouvernement de la République s’en tient au respect du cessez-le-feu unilatéral ? À qui cette position profite-t-elle ?
2. Sous prétexte de » solution diplomatique ou politique », trouvez-vous juste de condamner des millions d’habitants de Rutshuru, Masisi, Nyiragongo et Goma à une crise humanitaire sans précédent en contrepartie du problématique « retour sécurisé de 46 000 familles des réfugiés congolais basés au Rwanda » tel que stipulé dans la fameuse feuille de route de Luanda ?
3. Quelles sont les précautions prises par le gouvernement de la République pour éviter que la voie politico-diplomatique n’entraîne à nouveau notre pays dans le piège de brassage-mixage à travers lequel les agresseurs trouveraient une occasion du rajeunissement de l’infiltration dans nos services de défense et sécurité ?
4. Qu’est-ce qui empêche le gouvernement de la République d’apporter de manière conséquente une assistance humanitaire aux millions des déplacés du Nord-Kivu ?
5. Quelles sont les raisons de la majoration des prélèvements fiscaux à l’endroit des populations exsangues par la guerre et de la léthargie du gouvernement de la République vis-à-vis des auteurs des prélèvements illicites exorbitants sur la chaîne de ravitaillement de la ville de Goma en produits vivriers ?
Notons que la situation sécuritaire demeure encore préoccupante dans les territoires de Rutshuru, Masisi et dans une partie de Nyiragongo où des affrontements opposent depuis quelques jours, les groupes d’autodéfense dits Wazalendo aux terroristes du M23 soutenus par le Rwanda. Et pendant ce temps, les forces armées de la République démocratique du Congo disent s’inscrire dans le cadre du respect du cessez-le-feu recommandé par l’EAC.
Elias Aungama